Toronto : un maire de la carboneutralité réclamé par les environnementalistes

Radio Canada

By Étienne Lajoie

 

L’élection d’un maire à Toronto conscient de la gravité des changements climatiques et prêt à trouver de nouvelles sources de revenus est crucial pour atteindre les objectifs de la Ville en matière de carboneutralité d’ici 2040, préviennent des organismes environnementaux.

Nous nous dirigeons vers un monde de souffrance à Toronto et on ne respectera pas nos obligations liées au climat, prévient le porte-parole du groupe Environmental Defence, Phil Pothen. Si la Ville veut traiter le problème du climat sérieusement, elle devra faire avancer la stratégie TransformTO, qui donne la cible de 2040, contre vents et marées, dit-il.

Le conseil municipal a fait son travail en faisant récemment passer l’objectif de 2050 à 2040, dit How-Sen Chong, militant à l’organisme Toronto Environmental Alliance. La balle est maintenant dans le camp du prochain maire, poursuit-il.

- How-Sen Chong, militant à l'organisme Toronto Environmental Alliance

Les solutions pour atteindre la cible sont nombreuses – augmentation de l’utilisation des transports en commun, de l’énergie renouvelable et des véhicules électriques, entre autres – mais la facture qui y est associée est titanesque : 145 milliards de dollars, selon la Ville.

Lors d’un débat organisé par CBC, quatre des cinq principaux candidats dans la course ont promis de financer pleinement la stratégie, mais la moitié du sextuor de tête promet aussi de limiter la hausse des impôts fonciers au taux d’inflation.

L’action climatique nécessaire à Toronto est incompatible avec la promesse de ne pas augmenter les impôts au-delà d’un certain seuil, dénonce Phil Pothen. 

Transports propres

Selon plusieurs militants, les changements requis pour atteindre la cible commencent par l'amélioration des services de la Commission de transport de Toronto (CTT), ce qui aurait pour effet d'encourager leur utilisation. Le rapport de TransformTO note d'ailleurs que pour être carboneutre d’ici 2040, Toronto devra se tourner davantage vers les modes de transport durables.

Quatre candidats sont prêts à annuler les réductions de service de la CTT annoncées dans le budget 2023 pour commencer. J’étais vraiment satisfaite de voir que de nombreux candidats ont fait ce choix, affirme la militante Anne Keary, de l’organisme For Your Kids.

L’organisme Toronto Environmental Alliance souhaite que la Ville offre un service plus fiable et abordable et pour ce faire, son porte-parole How-Sen Chong propose notamment une taxe sur le stationnement. Selon un rapport de la firme KMPG (Nouvelle fenêtre) publié en 2016, celle-ci pourrait rapporter jusqu’à 535 millions par année à la Ville.

L’augmentation du nombre de véhicules électriques fait aussi partie de l’équation, mais la Ville est encore loin de ses objectifs. Elle espère que d’ici 2030, 30 % des véhicules torontois seront électriques. Actuellement, seulement 1,7 % le sont complètement.

De l’immobilier neuf

L’atteinte de la carboneutralité et la lutte contre les changements climatiques passent immanquablement par l’immobilier.

D’une part, certains militants estiment que la Ville doit se densifier pour limiter l’étalement urbain, qui encourage l’utilisation de la voiture; d’autre part, les bâtiments torontois sont responsables de 58 % des émissions.

Quatre des six principaux candidats souhaitent modifier le zonage résidentiel s’ils sont élus afin d’accélérer la densification. Toutes les maisons que vous ne construisez pas dans votre quartier seront bâties dans un habitat sensible, affirme Phil Pothen.

Peu de candidats ont toutefois des politiques concernant les émissions provenant des divers immeubles de la Ville, que ce soit des maisons ou des bureaux. Les bâtiments émettent beaucoup de gaz à effet de serre puisqu’ils sont souvent chauffés au gaz naturel, une énergie fossile.

C’est important que le prochain maire comprenne les défis auxquels la Ville fait face, mais le changement peut survenir rapidement

Une citation deHow-Sen Chong, militant au sein de l'organisme Toronto Environmental Alliance

La pompe à chaleur, qui fonctionne à l’électricité, remplace de plus en plus le chauffage au gaz naturel dans les immeubles, donne en exemple How-Sen Chong.

Relations avec la province

En début d’année, la province a lancé un pavé dans la mare en annonçant l’expansion de la centrale Portlands Energy Centre, le plus grand émetteur de gaz à effet de serre dans la Ville Reine. La centrale émet environ 371 000 tonnes de C02 chaque année.

L'avenir de la centrale n’a pas fait l’objet de débats durant la campagne, mais deux militantes – Anne Keary, de l’organisme For Your Kids, et Dawn Pearson, de Toronto350 – s’en soucient.

La question de la centrale met en lumière les limites de la Ville en matière de lutte contre les changements climatiques.

Si le gouvernement autorise l’augmentation des opérations à la centrale, ça va éliminer nos chances d’atteindre la carboneutralité

Une citation deAnne Keary, membre de l'organisme For Your Kids

C’est pourquoi la militante torontoise pense que le prochain maire doit s’assurer de faire part des inquiétudes de la Ville aux deux autres ordres de gouvernement. Dawn Pearson, de son côté, espère que le maire saura comment militer pour la Ville auprès de la province, tout en travaillant avec celle-ci .

Sommes-nous capables d’atteindre cette cible? On en est toujours capables. Avons-nous la volonté politique? C’est difficile à prévoir, dit Dawn Pearson.

Les Torontois doivent savoir que nous sommes dans une sérieuse période de transition et le prochain maire doit prendre la situation au sérieux, estime How-Sen Chong.


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It was originally published on June 15, 2023